L’année 2016 a été une année de grands tourments personnels qui sont maintenant et heureusement derrière moi. Bien que je sois une mordue de course à pied, les derniers mois ont été une véritable bataille pour la motivation. Alors que je suis de plus en plus assidue à l’entraînement, voilà qu’au premier jour de mes vacances en août, je me fais une entorse sévère pendant une sortie de course, la même cheville que je m’étais fracturée à peine 9 mois plus tôt. Je dois avouer que j’ai un peu couru après car j’ai opté pour un terrain gazonné afin de pouvoir admirer la mer le plus longtemps possible et je n’ai pas su repérer le trou. Jamais plus hors des sentiers battus lorsque l’on s’entraîne en course sur route, et surtout pas sur du gazon, j’ai appris ma leçon !
Voici que je peux enfin reprendre la course début septembre. Je suis inscrite au demi-marathon de Montréal depuis un an mais ce sera impossible d’y arriver, ma cheville est trop faible et l’entraînement nettement insuffisant. Je dois prendre une décision crève cœur soit celle de changer ma distance pour un 5 km. Difficile de prendre une telle décision, surtout quand on n’est pas très raisonnable comme moi.
Le matin de la course, je prend donc le métro en direction de la Station Pie-IX au lieu de la Station Longueuil. J’ai un petit pincement de savoir que ma petite sœur y est et que l’on devait partir ensemble sur le pont Jacques-Cartier. Qu’à cela ne tienne, je regarde autour de moi pendant le trajet et n’y vois que des gens motivés avec le sourire accroché au visage. Cette énergie si positive me rend heureuse. D’ailleurs, je vois ces événements comme étant de merveilleux rassemblement familiaux et amicaux. Des poussettes, des enfants petits et moyens, des ados, adultes de tous âges et même des gens âgés. Toutes les classes sociales y sont et tout le monde est égal face au défi. C’est toujours pour moi une grande source de joie et de motivation.
Il fait froid ce matin là, un gros 8 degrés avec du vent mais un soleil omniprésent. Je suis seule, déterminée et surtout heureuse comme ça fait longtemps de me présenter à une ligne de départ. J’aime cette course, c’est chez nous à Montréal, on se sent à la maison.
Le départ
Je prend donc le départ dans le premier corral, il y a un band sur stage qui interprète des chansons rythmées. Je dois avouer que les musiciens et chanteurs sont pas mal bons ! La foule est enthousiaste et bruyante. Les coureurs sautillent, s’étirent, bougent au son de la musique, impossible de ne pas avoir le sourire étampé au visage.
Je synchronise ma montre GPS mais je ne la regarderai pas tout au long du parcours car je veux profiter au max de chaque moment. De plus, je sais que je ne battrai pas de record, ce n’est pas le but. Au retour à la maison j’irai consulter mes stats juste pour voir si ce que j’ai ressenti au long de la course était juste. J’ai remarqué que mes meilleures performances ont presque toujours été réalisées alors que je me laissais guider par mon ressenti. Faut aussi dire que je ne suis pas une athète d’élite. Tant que j’éprouve du plaisir, c’est parfait comme ça.
Au fur et à mesure que l’heure approche, je suis fébrile. 5-4-3-2-1… Le départ est donné, yééééé, c’est toujours un moment de nervosité mêlé à de la joie, j’en ai des frissons à chaque fois.
Cette journée d’épreuves au Marathon de Montréal compte plusieurs distances : le 1K pour les touts-petits, 5K, 10K, 21,1K et 42,2K. Le 5 km est ni plus ni moins que les 5 derniers kilomètres du marathon. OUF ! À chaque pas, j’imagine les marathoniens en fin de parcours qui doivent composer avec la douleur et l’euphorie de terminer cette distance mythique. Là encore, j’en ai des frissons.
Pendant le parcours
Autour de moi, des gens de tous âges et un papa avec ses fils d’environ 7 et 9 ans pas plus. Sont vites ces petites bêtes-là, oulala !
Le parcours est beau, les rues sont bordées d’arbres qui se touchent, il fait un soleil magnifique. Au 3e km je prend une courte pause pour enlever mon coupe vent car j’ai trop chaud !!! Comme je suis seule, je n’ai pas pris le départ comme à l’habitude, je savais que j’aurais besoin de mon coupe vent pour attendre ma petite sœur à l’arrivée. Mais c’est quoi quelques secondes de plus je me suis dit. Rien pantoute.
Je me sens super bien tout au long du parcours. Avec du AC/DC dans les oreilles, l’album Back in Black pour ne pas le nommer, je tombe dans ma bulle instantanément. J’ai couru des années sans musique mais depuis 2 ans, je trouve que c’est une heureuse combinaison. L’an dernier, juste avant la fameuse côte Berri au demi, la chanson Shoot to Thrill s’est amorcée. Un pur hasard mais quel heureux hasard. Tellement que la montée m’avait parue presque facile, c’est pour dire !
La décision
Chaque fois que je croise bornes du marathon 38-39-40-41-42 je ressens comme un appel à réaliser ce vieux rêve que j’ai depuis l’âge de 20 ans. À Montréal, j’ai couru 3 demi-marathons, un 10 km et un 5 km. Il ne me reste que le marathon à réaliser, et un petit marathon de 1 km avec mes futurs petits-enfants. Ma décision est prise, l’an prochain, je courrai le 42,2 km faute d’avoir des petits-enfants. Ça me donne un an, je sais très bien dans quoi je m’embarque et je suis prête à relever le défi et réaliser ce rêve sur ma bucket list. Mon entraîneur m’aidera à faire en sorte que je donne le meilleur de moi-même. Il est le plusse meilleur coach, parole de Made !
L’arrivée
Je termine donc mon 5 km avec beaucoup de fierté et après avoir vérifié mes stats plus de 24 heures après je constate que mon dernier kilomètre est de loin le plus rapide, WOW j’aurais jamais cru ça. On appelle ça finir en force.
Après l’arrivée, je reçois ma médaille de participation, c’est fou comme on est bébé et qu’on l’aime notre médaille. Toujours est-il qu’après avoir avalé quelques nutriments gracieusement offerts par l’organisation et pris une photo souvenir sur mon iPhone avec l’aide d’une étrangère, je me dirige vers les estrades pour rejoindre les membres de ma famille en attendant de voir ma petite sœur arriver de son 21,1 km. Grâce aux puces sur les dossards on peut la suivre en direct sur Sporstats. On se prépare pour ne pas manquer son arrivée, armés de nos iPhones pour tenter de capter ce moment si précieux que sont les quelques mètres avant l’arrivée d’une épreuve d’endurance. Il y a une telle charge d’émotion que c’est difficile à décrire, je crois qu’il faut le vivre. Curieux à dire mais ça devient presqu’une drogue.
Malgré la foule et les 35 000 coureurs, on finit par se rejoindre pour ensuite aller déjeuner. En marchant vers le restaurant, je lance le défi à ma sœur coureuse : tu es in pour un full l’an prochain ? Elle acquiesce silencieusement avec un «tap là-dedans». Ce sera notre premier marathon à toutes les deux. On a du chemin à faire d’ici là mais pas de doutes, on peut y arriver.
Cette course donne lieu à une belle rencontre familiale, les 3 sœurs réunies, ce qui arrive rarement en raison de la distance qui nous sépare. Voilà ce que ces événements nous offrent : une occasion de rassemblement où chacun donne le meilleur de soi-même pour toutes les raisons du monde. Et quand il y a des supporteurs à l’arrivée, c’est encore plus trillant. Une célébration de l’effort et du dépassement de soi.
Épilogue
De retour à la maison je regarde les résultats officiels sur le web et réalise que je suis 27e sur 238 dans ma catégorie d’âge F50-54 ans, je n’en reviens pas. Un beau cadeau de motivation je peux vous dire. J’ai quand même toujours ce petit côté compétiteur en moi même si j’essaie de le mettre de côté hihi.
La saison automnale est ma préférée pour la course. J’ai d’ailleurs trois autres course de prévues et peut-être un demi en novembre si tout va bien. Je ne vise pas de records, je souhaite simplement m’amuser et me préparer pour mon gros défi.
En route vers le marathon le 24 septembre 2017, inscription faite ! Mon seul objectif chrono sera… de franchir le fil d’arrivée.