Lorsque je me suis lancée en septembre dernier dans la quête de réaliser mon rêve de courir un marathon — un full comme on dit dans notre jargon — j’étais consciente que réaliser mon ambitieux projet n’était pas gagné d’avance. J’avais pris soin de tout mettre en œuvre pour y arriver. Avec un entraîneur qualifié à mes côtés jumelé à mon expérience des 6 dernières années, j’étais confiante.
Premier obstacle
J’étais loin de me douter que le destin en avait décidé autrement. Tout d’abord, en mars alors que je progresse super bien dans mon programme et que les distances augmentent, je dois interrompre mon entraînement pendant 3 semaines suite à une vilaine chute tout ce qu’il y a de plus bête alors que je perd pied et dégringole d’une table en voulant mesurer une fenêtre à la maison. Heureusement rien de cassé mais quand même passablement amochée. Mon grand dorsal est écrasé, mon épaule ne peut plus bouger et mon bras droit présente une ecchimose de 30 cm sur 5 cm. Ça fait assez mal merci. Pour vous donner une idée, je me tords de douleur à chaque éternuement, pi bin, pas de chance, c’est le mois des rhumes !
Une fois rétablie, et à mon grand étonnement, je reviens rapidement à ma vitesse de croisière et poursuis le programme religieusement. C’est enfin le printemps et je vois défiler un décor de plus en plus vert et coloré à chaque sortie, sans compter les parfums sucrés des premières floraisons.
Deuxième obstacle
Puis en juin, une douleur derrière la cheville droite survient pendant une longue sortie. La douleur persiste et je dois réduire de moitié mon entraînement la semaine qui suit. Après évaluation en physio sportive, il semble que le muscle soléaire soit en cause. Traitements, étirements et exercices de renforcement musculaire sont prescrits. Confiante et rassurée, j’espère que ça passera vite. En attendant, j’enfourche le vélo, question de ne pas perdre le cardio.
Jamais deux sans trois
Deux semaines plus tard, au premier jour de mes vacances, ma cheville gauche tord en descendant un trottoir. Je dois attendre encore 10 jours pour me remettre à la course. J’entretiens toujours secrètement l’espoir de courir mon marathon, même si je sais que je devrai accepter une course plus difficile et beaucoup plus lente que prévue.
C’est pleine d’espoir et sous les encouragements de mon amoureux et sa bienveillance que je me lance dans une première sortie timide de 20 minutes. Le décor du sentier multifonction «la boucle des chûtes croches» au Parc du Mont-Tremblant est enchanteur. Pas vraiment de douleur au pied droit sauf pour quelques minutes au tout début. Je suis encouragée et je recommence à rêver de marathon. Deux jours plus tard, je cours 40 minutes mais là, ça fait mal tout au long de ma sortie. Dès lors, je sais que c’est fini pour un 42,2 km en septembre car je marche difficilement les 3 jours qui suivent. Ma joie de reprendre la course aura été de courte durée…
Repos forcé de la guerrière
De retour au bercail, je consulte un physio différent car je sais que quelque chose cloche dans le diagnostic et que ça va au-delà du soléaire. Pour en faire une histoire courte, ma fracture à la cheville gauche (et les deux entorses majeures qui ont suivi) a laissé des séquelles qui ont été fortement compensées par la jambe droite. Tant et si bien que j’ai développé une tendinite du tendon d’Achille. Grrrr…. Je dois maintenant travailler à stabiliser la cheville gauche et traiter le fameux tendon de la droite. Un beau duo ! Une situation bête, même pas causée par le sur-entraînement ni par ma technique de course, que je dois néanmoins accepter et faire ce que doit pour me remettre à mon sport rapidement, du moins je l’espère.
Parce que courir j’aime ça beaucoup. En plus de me procurer une forme physique qui me donne accès à un large spectre d’activités, ça m’aide dans plusieurs autres aspects de la vie. Difficile de décrire cet état semi-méditatif qui m’a aidé à surmonter les multiples épreuves des dernières années et qui m’a aussi aidé à trouver des solutions créatives à toutes sortes de situations. Et cela se produit surtout dans les longues — une heure et plus — lorsque les endorphines font en sorte que l’on pourrait courir pendant des heures.
C’est un peu niaiseux mais je suis profondément attristée de devoir mettre mon projet sur la glace. De fait, nous étions plusieurs amies-coureuses à tenter un premier marathon à Montréal cet automne et on s’était promis une rencontre festive après la course. Et elles sont toutes bien en selle pour le réaliser en plus. Il est certain que je serai là pour les accueillir chaleureusement cette journée-là et être témoin de leur exploit.
Cette situation je la vis un peu comme un deuil et je m’empresse de relativiser. Ce ne sont que deux chevilles un peu vaçillantes après tout. Y’a pire. Est-ce que mon corps me permettra de réaliser ce rêve un jour? Assurément car, pour la personne à la tête dure que je suis, ce n’est pas une histoire de cheville qui aura raison de moi. L’important c’est de prendre le temps de bien guérir pour revenir en force. Humm, prendre le temps? Dur dur pour une fille pas raisonnable…
Comments
Je suis désolée d’apprendre cela, toi qui etait si motivée. Je crois que tu as pris une bonne décision. Il y aura d’autres rendez-vous pour toi. Je sais ce que tu vis car j’ai du renoncer en 2013 à cause d’un kyste de Baker. Bonne récupération.
Merci Maria, je serai au fil d’arrivée pour te féliciter!